La vie exceptionnelle d’un homme hors norme : Son Éminence Shaykh Ibn Baz رَحِمَهُ الله

Shaykh Ibn Baz, la vie exceptionnelle d’un homme hors norme :

Dans quel dénuement serions-nous sans les valeureux oulémas que notre Seigneur nous a envoyés ?  Leur vie est vouée à la science religieuse et à la prédication. L’Islam, plus que toute autre doctrine, est une religion de savoir. Le temps des prophètes est certes révolu, mais par la grâce d’Allah, nous avons leurs héritiers : les savants de la Sounnah, qu’Allah a élevés en degrés. Parmi eux, un phare a illuminé la Oumma au cours du 20ᵉ siècle : Son Excellence Cheikh Abd el Aziz Ibn Baz رَحِمَهُ الله.

Qui est Shaykh Ibn Baz ?

L’imam Abd el Aziz Ibn Baz رَحِمَهُ الله, (affublé du sobriquet de “wahhabite” par les tartuffes ;  préférons le noble terme “Salafi”) fut l’un des plus grands théologiens musulmans de notre ère, dont on ne peut faire l’économie de l’hommage. 

À bien des égards, cet océan de science fut une miséricorde pour la communauté musulmane mondiale. 

Et pour cause, malgré sa disparition il y a 25 ans, son prestige et sa respectabilité restent intacts. Ses nombreux travaux demeurent une référence inusable pour les gens de la Sunna et de la Djama’a.

Naissance et enfance

Shaykh Abd-al Aziz Ibn Baz vit le jour à Riyad en Arabie Saoudite, le 12 Dhul Hijja de l’année 1330, soit le 21 novembre 1910, dans un environnement sain et préservé des turpitudes, au sein d’une famille pieuse et versée dans l’instruction.

Esprit vif et pugnace, doté d’une singulière intelligence, il consacra son plus jeune âge à l’apprentissage religieux et fut éloigné des mondanités futiles. 

Il en résulta un réel ascétisme à l’âge adulte, dont ses proches témoignèrent par la suite : sa personne était entièrement tournée vers l’Au-delà.

En outre, enfant, il clôtura la mémorisation du Saint Coran ainsi que des épîtres fondamentales, facilité en cela par des capacités exceptionnelles.

Maladie

Dès l’âge de 16 ans, le jeune érudit fut frappé d’une grave infection aux yeux conduisant à une cécité irréversible : il devint aveugle jusqu’à sa mort. 

Sa formation

Cette terrible épreuve ne le découragea point de poursuivre sa quête de savoir auprès des plus grands savants du Royaume avec une appétence et une détermination rare.

Parmi eux, les descendants de l’illustre Shaykh al Islam Muhammad ibn Abdul Wahhab رَحِمَهُ الله : 

• Shaykh Salih ibn Abd el Aziz Hussayn al Shaykh رَحِمَهُ الله lui apprit la ‘Aqida (croyance, crédo) et la jurisprudence.

• Shaykh Saad ibn Ahmad ibn Malik رَحِمَهُ الله lui enseigna également le Fiqh (jurisprudence) ainsi que la noble science du Hadith (il mémorisa aisément pléthore de ahadiths avec leurs chaînes de transmission parmi les 6 livres).

• Il s’enquit de l’art des calculs liés à l’héritage auprès du Shaykh Hamad ibn Faris ibn Muhammad ibn Faris رَحِمَهُ الله, ainsi que des trésors de la langue arabe.

• Auprès de Shaykh Saad ibn Waqqas al Boukhari رَحِمَهُ الله, il découvrit la maitrise du Tajwid.

• Shaykh Muhammad ibn Ibrahim ibn Abdel Latif al Shaykh رَحِمَهُ الله, lui transmit le savoir de diverses disciplines telles que les subtilités de la grammaire…

Ainsi, dans un continuum de transfert de connaissances intergénérationnel, il reçut une éducation complète, héritant de ses professeurs, d’une science considérable, ainsi que d’un comportement et de manières émérites.

De surcroît, il ne s’arrêta pas en si bon chemin et voyagea à travers le monde à la recherche du savoir.

Son cursus à travers ses fonctions exercées

Ses aptitudes hors du commun le distinguèrent très tôt de ses pairs et ses compétences furent rapidement mises à contribution. 

Fort de ce constat, il occupa les postes les plus élevés et prestigieux dans la Science et la Da’wa :

• À seulement 27 ans, il se vit confier le rôle de juge à Kharaj, où il officia 14 ans durant.

• Ensuite, il découvrit le domaine de l’enseignement en exerçant en tant que professeur à l’Institut Scientifique de la capitale, Riyad, de 1371 h à 1380 h, à la faculté de législation islamique (Chari’a).

• Puis, en 1381 h, il devint vice-président de l’Université islamique de Médine, et ce, pendant 9 ans.

• Après cela, il fut nommé président d’organisations toutes plus distinguées les unes que les autres : 

• l’Université Islamique de Médine

• la direction du prêche et des recherches scientifiques de l’IFTA.

• le groupe des savants fondateurs de la Ligue islamique mondiale (La Mecque).

• les recherches dans la Jurisprudence

• la grande assemblée internationale des mosquées basée à La Mecque.

• Par décret royal, il fut propulsé en 1413 h (1992) mufti d’Arabie Saoudite, la plus haute distinction religieuse d’Arabie Saoudite, donc osons-le, du monde.

• le Conseil des grands savants (oulémas) de l’Arabie Saoudite l’année suivante jusqu’à sa mort

Shaykh ibn baz : Son instruction

Notre regretté Shaykh Ibn Baz رَحِمَهُ الله enseigna à travers tout le royaume saoudien.

Il étudiait avec ses élèves les ouvrages fondamentaux contenant la quintessence du Dine : 

• Kitab Tawhid (le livre de l’Unicité de Shaykh Muhammad ibn Abdul Wahhab)

• Oussoul thalatha (les 3 fondements de Shaykh Muhammad ibn Abdul Wahhab)

• Al Aquida al Wassitiya (la profession de foi d’Ibn Taymiyya)

• Les leçons importantes pour toute la communauté

• Tafsir (Exégèse du Coran) de Ibn Kathir

• Musnad de l’Imam Ahmad

• Mouwata de l’Imam Malik et bien d’autres livres…

Nombre, parmi ses élèves, devinrent l’élite de la science, des sommités incontestables répondant aux noms de : 

• Shaykh Muhammad ibn Salih al Uthaymin  رَحِمَهُ الله

• Shaykh Salih al Fawzan

• Shaykh Rabi’ ibn Hadi al Madkhali

• Shaykh Abd el Aziz al Cheikh… qu’Allah les préserve

Shaykh Ibn Baz رَحِمَهُ الله produisit quantité d’écrits assez courts dans l’ensemble, mais comprenant un condensé de bienfaits immenses, facile à lire pour la communauté et d’une grande utilité.

Son combat contre le Faux

Il ne ménagea aucun effort pour se dresser vent debout contre les innovations religieuses et les sectes égarées qu’il réfuta avec force, armé de preuves scientifiques irrécusables, brocardant au passage tous les imposteurs qui égarent les croyants.

Durant toute sa vie, sa vertu cardinale fut d’appeler les gens à la Vérité, à l’Islam authentique : le Tawhid et la Sunna.

On interrogea Shaykh al Albani رَحِمَهُ الله au sujet du hadith du Prophète ﷺ disant qu’à chaque siècle, Allah envoie un homme sur Terre pour re-vivifier Sa religion. Il répondit : “De qui d’autre que Shaykh Ibn Baz pourrait-il bien s’agir ?”

Shaykh ibn baz : Ses nombreuses qualités

Outre ses aptitudes cognitives exceptionnelles, le Cheikh savait brillamment gérer son temps.

Il avait une foule de responsabilités, un programme extrêmement chargé, mais il parvenait à tout exécuter par la grâce d’Allah.

En tant que jurisconsulte, il délivra un nombre incalculable de fatwas d’une grande clairvoyance.

D’autre part, il était connu pour son Dhikr abondant, il prononçait des formules d’invocations en permanence, à chaque occasion.

Aussi, il était une personne affable, très disponible et accessible.

Évidemment, il mettait en pratique tout ce qu’il apprenait, comme les adorations prophétiques obligatoires et surérogatoires.

Sa générosité dépassait l’entendement : quelle fut la surprise de son successeur, lorsque de nombreuses personnes vivant des aumônes du disparu Cheikh se présentèrent pour réclamer leurs allocations (certaines même à l’étranger !).

Il était très soucieux de la situation des Musulmans dans le monde et s’enquérait régulièrement de leur situation et leur venait en aide où qu’ils soient.

Sa mort

Malgré un âge canonique de 89 ans et rongé par la maladie, il continuait d’enseigner, jusqu’à son décès , رَحِمَهُ الله, le 13 mai 1999.

Ses obsèques furent à l’image de sa vie, une foule impressionnante accompagna sa dépouille dans un immense chagrin. 

L’affliction d’avoir perdu un être exceptionnel qui a tant fait pour la Oumma.

Puisse Allah l’établir ainsi que sa famille dans les plus hauts degrés du Paradis, amîn !